Durant quelques annĂ©es, j’ai tenu un blog sur le soutien scolaire et le mĂ©tier de prof indĂ©pendant. Vous trouverez ci-aprĂšs une copie d’un article.
Faites passer lâinfo (Canal+) : reportage âSoutien scolaire, le business de lâespoirâ
Date de parution : 8 juillet 2009
Jâai Ă©voquĂ© dans ce billet lâĂ©mission de Canal+ dâoctobre 2007 âSoutien scolaire : le business de lâespoirâ prĂ©sentĂ©e dans le magazine âFaites passer lâinfoâ.
Ce reportage est disponible dans son intégralité (en deux parties) sur un site de partage de vidéos.
Cette Ă©mission pointe entre autres les dĂ©rives des âgrandsâ organismes de soutien scolaire (Acadomia, Cours Legendre, ComplĂ©tude, Profadom, KeepSchool,âŠ), en particulier le recrutement des “profs” : nâimporte qui peut sans problĂšme se faire embaucher comme “prof” de nâimporte quoi.
TournĂ© 18 mois ans avant le reportage dâEnvoyĂ© spĂ©cial : le soutien scolaire, rĂ©ussite ou Ă©chec, il permet de se rendre compte que la situation nâĂ©volue pas vraiment !
En fait, câest toujours le mĂȘme scĂ©nario :
- lâorganisme embauche un intervenant (une journaliste) sans aucune vĂ©rification de diplĂŽme; puis, devant le fait accompli, le gĂ©rant de lâorganismeâŠ.
- ⊠a une rĂ©action indignĂ©e : câest une honteuse manipulation des mĂ©chants journalistes,
- âŠ. et / ou bat sa coulpe : câest une erreur rarissime, mais soyez sans crainte, nous allons amĂ©liorer nos procĂ©dures.
- Le reportage montre Ă©galement un organisme de soutien dont le gĂ©rant est un scientologue dĂ©claré⊠et dont on ne peut affirmer que les cours soient exempts de prosĂ©lytisme. Ce nâest dâailleurs pas trĂšs difficile avec un peu de recherche sur Internet de connaĂźtre le nom de cet organisme.
Ăgalement, lâĂ©mission pose la question de la responsabilitĂ© de la personne envoyĂ©e chez la famille. Quid dâun prĂ©dateur sexuel ou simplement dâun cambrioleur qui trouve porte grande ouverte et un enfant qui lâattend ?
La plupart de ces organismes Ă©tant mandataires, ils ne sont que de simples intermĂ©diaires et peuvent tout Ă fait lĂ©galement sâen laver les mains⊠ou tout du moins essayer.
Vous pouvez Ă ce sujet consulter mon billet Ă propos des Organismes de soutien scolaire mandataires et prestataires.
Commentaires
Luc a écrit le 10 juillet, 2009 à 9:54
Câest quoi le nom de lâorganisme âaffiliĂ©â Ă lâeglise de scientologie, si câest pas secret?
Didier Kropp a écrit le 10 juillet, 2009 à 10:26
@ Luc
Secret, non. Mais paranoïa oblige je ne tiens pas à le dévoiler par écrit.
Une recherche sur Google avec la phrase âplus que du soutien scolaire notre vocation a Ă©tĂ© et restera le dĂ©blocageâ que lâon repĂšre sur la vidĂ©o peut donner une piste intĂ©ressante đ
DesEsseintes a écrit le 3 août, 2009 à 18:24
Dans lâensemble, le reportage est affligeant.
Ceci dit, il lâest Ă©galement dâun point de vue journalistique. La moindre des choses me semblant en effet de vĂ©rifier la vĂ©racitĂ© des propos tenus par ceux quâon interviewe.
La jeune femme âdĂ©goĂ»tĂ©eâ dâavoir travaillĂ© pour des organismes de soutien scolaire est une menteuse.
Chose que lâon va dĂ©montrer assez rapidement :
Elle affirme avoir travaillĂ© plus de 40 heures par semaine. Soyons sĂ©rieux, câest impossible dans le milieu du soutien scolaire.
- DĂ©jĂ parce quâil faut compter le temps de trajet entre les familles (Ă moins quâon lui ait refilĂ© des gens au sein dâun mĂȘme immeubleâŠ). Perso je ne donne pas de cours de soutien, mais je fais de la formation professionnelle. Câest la mĂȘme chose : 30 minutes de battement entre deux familles, ou trente minutes de battement entre les entreprises. Si elle commence Ă 13h30 elle ne peut bosser que 4 heures jusquâau soir, câest mathĂ©matique.
- Ensuite, parce que la case du matin reste rarement utilisĂ©e par les parents : quand un gamin finit plus tĂŽt lâaprĂšs-midi il peut prendre des cours. Quand il commence plus tard le matin, il dort. Oui, certains ici pourront lister tout un tas dâexceptions, mais globalement câest la rĂšgle.
- Egalement parce quâelle nâest pas la seule employĂ©e de la boite. Jâentends par lĂ quâun enseignant Ă son compte peut accumuler les heures. Une simple employĂ©e comme elle reste tributaire du volume horaire lui Ă©tant proposĂ©. Normalement ce genre dâentreprise envoie ses profs selon les proximitĂ©s gĂ©ographiques, et rĂ©partit donc les heures entre les enseignants. Dites, ils nâont quâun prof dans la boite oĂč elle bossait????
- Enfin, parce que si ces dires Ă©taient vrais, cette nana aurait gagnĂ© 15 Euros net x 40h x 4 semaines = 2400 Euros nets par mois. Je doute quâelle aurait quittĂ© cette activitĂ© pour son poste de secrĂ©taire smicarde dans un bureau moche.
Bref, câest du pipeau, mais lâensemble est tellement Ă charge et la mode anti-soutien scolaire si forte que sâils avaient parlĂ© de trafic de drogue et dâattouchements, tout le monde y aurait cru sans chercher Ă vĂ©rifierâŠ
En revanche, le reste du reportage, notamment au niveau du recrutement, me laisse sans voix. Quelle honte.
Mâenfin au final je me demande qui est le moins pro, le recruteur ou le journaliste qui fait le reportage?
Didier Kropp a écrit le 3 août, 2009 à 19:41
@ DesEsseintes
Ăa faisait longtemps que je ne vous avais vu poster đ
Elle affirme avoir travaillĂ© plus de 40 heures par semaine. Soyons sĂ©rieux, câest impossible dans le milieu du soutien scolaire.
40 h par semaine, câest dur, mais câest possible â
Certains Ă©lĂšves nâont pas de cours le matin (et ne dorment pas), dâautres ne sont pas scolarisĂ©s dans un Ă©tablissement (CNED, DAEU, Ă©cole Ă la maison,âŠ), dâautres encore peuvent Ă©tudier en alternance et avoir des horaires amĂ©nageables,âŠ
Je vous accorde bien volontiers que la rĂšgle est plutĂŽt de quelques heures par jour, accordez-moi les exceptions 8)
Par ailleurs, rien ne dit que cette jeune femme ne travaillait que pour un seul et unique organisme, les intervenants qui veulent âbienâ gagner leur vie avec ce job travaillent pour le compte de multiples sociĂ©tĂ©s.
⊠2400 Euros nets par mois. Je doute quâelle aurait quittĂ© cette activitĂ© pour son poste de secrĂ©taire smicarde dans un bureau moche.
2.400 euros nets pas mois en pleine charge, ce qui nâest quand mĂȘme pas vraiment la rĂšgle tout au long de lâannĂ©e.
Nâoubliez pas ensuite que seules les heures travaillĂ©es sont rĂ©munĂ©rĂ©es (pas de congĂ©s payĂ©s), que les cotisations sociales (donc la retraite) sont sur la base forfaitaire du SMIC, que les banques ne sont pas chaudes pour prĂȘter Ă des salariĂ©s CESU multi-employeurs,âŠ, en conclusion ce qui peut ressembler Ă un salaire net consĂ©quent peut cacher une situation qui nâest pas si mirifique đ
Dans lâensemble, le reportage est affligeant. Ceci dit, il lâest Ă©galement dâun point de vue journalistique.
La tĂ©lĂ© aime sâadresser aux Ă©motions et non Ă la raison, et fait ses gros titres sur les trains qui arrivent en retard et non sur tous ceux qui sont Ă lâheure : câest nettement plus vendeur.
Le reste du reportage, notamment au niveau du recrutement, me laisse sans voix. Quelle honte.
Câest bien pour moi un des principaux problĂšmes des organismes.
La famille appelle, le commercial (baptisĂ© conseiller pĂ©dagogique) dit âOui, nous avons un intervenant qualifiĂ©â, demande un chĂšque pour frais dâinscription, de dossier,âŠ, un forfait dâheures de cours,âŠ, puis ensuite cherche un intervenantâŠ.
Et câest lĂ que les dĂ©rives peuvent commencer : intervenant embauchĂ© Ă la va-vite, envoi dâun intervenant non qualifiĂ© (Ă©tudiant dans une matiĂšre littĂ©raire envoyĂ© pour donner des cours de maths,âŠ), âça passe ou ça casseâ.
Et voici comment les gros organismes se font de la mauvaise pub, ce qui a priori ne les empĂȘche pas dâĂȘtre quand mĂȘme florissantsâŠ
DesEsseintes a écrit le 3 août, 2009 à 20:18
Au plaisir de vous retrouver, en effet!
Bref, oui et non.
Ce qui me choque, câest cette tendance du tout mauvais. Un peu comme le rap Ă une Ă©poque, puis le SMS, et aujourdâhui les rĂ©seaux internet, la mode consiste Ă avancer au sujet des organismes de soutien scolaire quâils sont minables, que les dirigeants sont des voleurs, les enseignants des incompĂ©tents, quâils sont Ă lâorigine du trou de la sĂ©cu et de celui de la couche dâozone, etcâŠ. En gros, je sens bien un petit reportage en fin dâannĂ©e nous narrant que 90% des enseignants de chez Acado*** (par exemple) sont en fait des dĂ©linquants sexuels multirĂ©cidivistes, relĂąchĂ©s par une Justice laxiste et blablabla⊠Comme ça, lâaudience serait au rendez-vous : incompĂ©tence + argent + on tape sur la Justice. Allez, on le filme nous mĂȘme ce reportage? Jackpot assurĂ©.
En gros, il est sous-entendu dans ce reportage que le taux de satisfaction des familles faisant appel Ă ce genre dâorganisme est de 0%. On frise le ridicule.
Dites, il nây a RIEN de bon dans tout ça?
Pour revenir Ă cette vilaine jeune femme, oui et non.
- OUI vous avez raison : un enseignant INDEPENDANT comme vous est dans une logique de dĂ©marchage. VOUS faites lâeffort de chercher des Ă©lĂšves, VOUS fixez vos horaires, VOUS dĂ©finissez le nombre dâheures travaillĂ©es, etc⊠Dans votre cas, les 40h sont possibles, pour la simple raison que vous irez les chercher.
- NON : quand on passe par un organisme, câest quâon refuse de chercher des Ă©lĂšves (pour des raisons bonnes ou mauvaises, peu importe). En gros, on attend que le tĂ©lĂ©phone sonne et quâun conseiller pĂ©dagogique propose des cours. Dans cette optique, on est tributaire du bon-vouloir dâun type au tĂ©lĂ©phone qui possĂšde sur sa liste 40 profs et qui sâil ne vous âsentâ pas ne vous proposera rien.
La diffĂ©rence entre elle et vous, câest que vous dĂ©cidez votre vie professionnelle, et quâelle la subit.
Soyez sĂ©rieux 30 secondes : cette demoiselle, avec sa tĂȘte de veau-vinaigrette, son phrasĂ© de poissonniĂšre, et son amabilitĂ© de porte de prison, vous lui filez des cours ou pas? AllonsâŠ
MĂȘme en cumulant les boites elle ne peut pas faire 40h, parce que ces organismes sont tous sur le mĂȘme crĂ©neau. Vous parlez du CNED et autres. Câest bien. Mais vous mâexcuserez, quand on passe par des organismes de soutien scolaire câest quâon a dĂ©cidĂ© de ne pas dĂ©marcher 36 entreprises et de ne pas aller chercher les heures oĂč elles se trouvent. En passant par de telles boites, on lui confie du Mercredi aprĂšs-midi, de la soirĂ©e en semaine, et basta. Donc je nây crois pas. Donc elle ment.
Quant au salaire⊠Jâai peur de ne pas comprendre (je ne suis pas trĂšs intelligent ceci dit, vous mâexcuserez). 2400 Euros net, câest ce quâelle aurait touchĂ©. LĂ , elle ne fait visiblement plus de soutien, et bosse dans des bureaux. A Paris. Si elle nâa pas fait une ESC ou bonne Ă©cole dâingĂ©, elle peut toujours rĂȘver pour toucher ce quâelle prĂ©tendait gagner lors de son passage par le soutien.
Soit elle ne sait pas compter, soit elle ment.
Devinez pour quelle option je penche.
Didier Kropp a écrit le 3 août, 2009 à 23:08
@ DesEsseintes
Ce qui me choque, câest cette tendance du tout mauvais.
Câest vendeur. Comme ce reportage dâEnvoyĂ© SpĂ©cial sur Facebook qui insistait sur ce rĂ©seau social comme repaire de dealers et de pĂ©dophiles.
Câest faux, bien sĂ»r les journalistes le savent parfaitement, mais faire peur, ça fait de lâaudience.
Je nây connais rien en socio / psycho-socio, il doit bien y avoir des explications â
Donc elle ment.
On en sait rienâŠ
Jâimagine mal moi aussi un Ă©tudiant travaillant avec les organismes donner 40 heures de cours par semaine, mais ce nâest pas impossible.
Et en fait, quel est intĂ©rĂȘt pour lâĂ©tudiante de mentir ?
Quant au salaire⊠Jâai peur de ne pas comprendre
Je me suis mal exprimĂ©, jâen ai peur.
Ce boulot est saisonnier. On bosse beaucoup disons de octobre à mai. On a quelques trÚs gros mois (dans mon cas mars-avril-mai), des mois plus creux (vacances de Noël, grandes vacances).
En admettant que lâon fasse un mois Ă 160 heures ou plus (je vous lâaccorde, câest exceptionnel), on en fait pas 12.
En bossant beaucoup, jâestime que lâon peut donner 1.000 heures de cours par an (croyez-moi, câest vraiment beaucoup).
Sur cette base, on arrive pour cette jeune femme Ă 15.000 euros nets annuels – avec, pourquoi pas, un mois Ă 2.400 euros.
15.000 euros nets annuels, câest un salaire quand mĂȘme moyen quand on a une qualification, et en plus on ne cotise quasiment pas pour sa retraite, on est prĂ©caire, les banquiers ne vous prĂȘtent pas, et on a aucune perspective dâĂ©volution.
Donc pour moi, Ă choisir entre un CDI mĂȘme moins bien payĂ© et ce mĂ©tier dâintervenant, le choix est vite fait.
(je ne suis pas trĂšs intelligent ceci dit, vous mâexcuserez).
DesEsseintes, vous vous foutez de moi đ
DesEsseintes a écrit le 4 août, 2009 à 10:34
Il me semble que nous sommes plus ou moins dâaccord.
Vous reconnaissez du bout des lĂšvres que cette dame ne peut pas avoir travaillĂ© autant quâelle le prĂ©tend. A lâentendre, les semaines de 40h sâenchainaient les unes aprĂšs les autres, et vous admettez que câest impossible de façon aussi soutenue. Merci.
Dâautant plus, et jâinsiste, que contrairement Ă vous, cette dame nâallait pas âchercherâ ses heures, mais attendait simplement quâon les lui propose. Sans effectuer la moindre dĂ©marche, sans fournir le moindre effort, ces organismes auraient livrĂ© Ă cette dame 40h de cours par semaine, de façon rĂ©guliĂšre, Ă tel point quâelle se serait sentie sur les rotules?
AllonsâŠ
Quant Ă votre question âEt en fait, quel est intĂ©rĂȘt pour lâĂ©tudiante de mentir?â, lĂ , câest vous qui vous foutez de moi đ
Que ne ferait-on pour son petit moment de gloire télévisuel?
Mâenfin, ça ne change rien au fait que le reportage est Ă©difiant. Parce que le reste, en camĂ©ra cachĂ©e, nâa visiblement pas Ă©tĂ© inventĂ©. Câest juste que le passage sur cette dame est un tissu de mensonges, et quâun journaliste digne de ce nom aurait dĂ» vĂ©rifier si ce quâavançait la personne interviewĂ©e Ă©tait plausible ou non.
AprĂšs, vous savez, dans le domaine de la formation au sein duquel jâĂ©volue, les boites prestataires se foutent tout autant de leurs clients, en adoptant un double discours et des pratiques de recrutement plus que douteuses. Mais ça, personne nâen parle!
petit futé a écrit le 8 octobre, 2009 à 22:42
Ces organismes demandent tous un extrait de casier judiciaire. Ceux que jâai vu (Anacours, legendre, dĂ©clic, ABC Scola) ont lâair plutĂŽt sĂ©rieux.
Acadomia, Keep Scholl et Complétude (le pire) sont à éviter absolument.
lave linge a écrit le 11 mai, 2010 à 13:38
Jâai Ă©tĂ© Ă©tudiant et jâai bossĂ© chez complĂ©tude et je confirme câest de loin les pires
Bensmail Badradine a écrit le 24 novembre, 2014 à 4:55
Bonjour Ă toutes et Ă tous, je sais que jâinterviens 4 ou 5 ans plu-tard mais mon expĂ©rience en Ă©tant professeur des maths de plus de trente ans mâincite Ă signaler que le mĂ©tier dâenseigner est trĂšs fatiguant et Ă©puisant et un professeur qui travaille plus de 30 h par semaine au maximum (selon le physique) ne donnera pas de rĂ©sultat. Il faut le vivre pour le comprendre. Dâailleurs câest la raison pour laquelle le nombre des heures par semaine des enseignants est relativement restreint par rapport aux autres mĂ©tiers (allant de 28 h/s Ă 18 h/s du primaire au LycĂ©e). Ajoutons aussi les vacances. Et pourtant lâespĂ©rance de vie des enseignants est de 6 ans de moins de la moyenne.
porte de garage 91 a écrit le 24 janvier, 2018 à 9:29
Excellent article, je vous en remercie